LE COUPERET de Donald E. Westlake
Donald Westlake est un écrivain américain (1933-2008), fécond et éclectique, surtout connu pour ses romans policiers couvrant un large éventail allant du polar humoristique au roman noir. Plusieurs de ces ouvrages ont été édités sous un nom d’emprunt et certains de ses meilleurs livres furent portés à l’écran dont le COUPERET réalisé par le cinéaste COSTA GAVRAS.
Ce livre publié en 1997 aux USA et l’année suivante en France met en scène un cadre spécialisé dans le secteur de la papeterie qui se retrouve licencié suite à la fusion de son entreprise et au dégraissage qui l’accompagne.
Au bout de deux ans de recherches et d’échecs à trouver un nouvel emploi dans son secteur d’activité, où les postes sont devenus rares et les candidats à l’embauche nombreux, Burke Devore, le héros du livre, en arrive à une conclusion redoutable : chaque fois qu’il postule, il trouve toujours sur sa route un ou plusieurs candidats avec un profil meilleur que le sien.
Face à ce constat, la seule réponse qui lui parait finalement efficace consiste à éliminer ses rivaux de façon définitive, c’est-à-dire en les tuant méthodiquement.
Nouvelle version du Docteur Jekyll et M. Hyde revue par Daniel Westlake sur fond de mondialisation de l’économie, le couperet montre le délitement d’un homme dont la perte des repères n’a d’égale que l’angoisse qui l’étreint lorsqu’il apprend que sa femme le trompe et que son fils risque d’aller en prison pour les vols qu’il a commis.
Face à cette déchéance, Burke Devore se sent fondé à transgresser la loi et la morale sous peine de voir disparaitre tout ce qu’il a patiemment édifié au cours de la première partie de sa vie.
Le texte de Daniel Westlake est brillant et savoureux lorsqu’il nous dépeint les pensées de son « héros » sur le monde des affaires ainsi que sa formation sur le tas de tueur de cadres au chômage.
Mais il sait également à travers ses lignes faire naitre chez le lecteur un malaise croissant tant ce qu’il peint pourrait être réel ou le devenir eu égard aux bouleversements économiques que connait le monde.
Au final la composition de Westlake est brillante de la première à la dernière page et il s’agit sans doute de l’un de ses meilleurs livres et assurément de sa meilleure histoire.
On se gardera de révéler la fin du livre qui en surprendra plus d’un. Mais finalement la dernière pirouette de Westlake laisse à chacun le soin de tirer la morale de cette histoire…
Bonne lecture.